Quinze jours après l’occupation du Théâtre de l’Odéon, plus de 50 théâtres sont occupés à travers la France. Mais que signifie cette occupation ? Et qui occupe ces lieux culturels ? Retour sur cette occupation et sur les revendications des intermittents.
Tout commence à l’Odéon.
Le 4 mars 2021, une cinquantaine d’intermittents et de membres de la CGT forcent les portes de l’Odéon. Ils se retrouvent nez à nez avec le metteur en scène Christophe Honoré et son équipe, en répétition pour le spectacle Le Ciel de Nantes, qui sera joué à la saison prochaine.
Ce choix du Théâtre de l’Odéon n’est pas anodin : le Théâtre de l’Odéon est un Théâtre national, c’est-à-dire subventionné par l’État. Et c’est justement l’attention du gouvernement que les artistes essayent d’attirer en s’installant à l’Odéon.
Le 7 mars, Roselyne Bachelot, Minsitre de la Culture, s’est rendue à l’Odéon et a échangé avec les artistes. Mais cette visite n’aura pas apporté de réponse.
Des revendications au gouvernement
Avant de parler des revendications, il faut comprendre commence fonctionne le régime de l’intermittence.
Un intermittent doit justifier de 507 heures de travail dans la dernière année afin de renouveler ses droits à l’allocation-chômage et conserver son statut d’intermittent.
En mai dernier, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place de l’année blanche. Cela veut dire la prolongation des droits d’indemnisation jusqu’au 31 août 2021 pour les intermittents qui arrivent en fin de droits entre le 1er mars 2020 et le 31 août 2021. Il faut savoir que ce régime concerne plus de 110 000 personnes en France.
Dans les théâtres occupés, on ne retrouve pas que des intermittents du spectacle. Il y a aussi des travailleurs saisonniers comme des maîtres d’hôtels, eux aussi touchés par la crise sanitaire et les nouvelles réformes.
Voici en quelques points les revendications :
- la réouverture immédiate des lieux culturels afin qu’ils puissent exercer leur métier après 1 an d’arrêt.
- la prolongation de l’année blanche
- le retrait de la réforme de l’assurance chômage (qui entrera en vigueur en juillet 2021 et qui compte un nouveau système de calcul des allocations qui mettra en danger les travailleurs précaires)
- Ils demandent également un plan d’accompagnement pour surmonter la crise qui touche le secteur.
Un mouvement qui se propage.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #OccupationOdéon prend rapidement de l’ampleur suivi par #OccupationPartout. Après l’Odéon, le Théâtre de la Colline suit puis le Théâtre National de Strasbourg. Petit à petit, les intermittents siègent dans les théâtres de toute la France. Le 17 mars, ce sont plus de 50 théâtres français qui sont occupés.
L’atmosphère rappelle l’esprit de Mai 68. En Mai 68, la révolte étudiante s’était finie à L’Odéon, 53 ans plus tard, elle y commence.
Un mouvement tourné vers le partage
Les théâtres sont devenus des lieux d’échange et de partage. Chaque jour se tiennent des tribunes, commissions et des débats ainsi que des concerts et performances.
À l’Odéon, tous les jours à 14h se tient une Agora, cliquez ici pour visionner l’Agora du 17 mars. Le bar a été transformé en salle de réunion pour les Assemblées générales. Les loges des spectateurs deviennent des chambres. Les autres parties du théâtre sont des lieux de vie commune. Pourtant, il n’y a qu’une seule douche pour les 50 personnes qui occupent le théâtre !
Ci-dessous, voici la carte de France de l’occupation des théâtres, en date du 17 mars 2021.