Compositeur de comédies musicales mythiques et pionnier de l’opéra-rock, qui est donc Andrew Lloyd Webber ? Retour sur l’incroyable parcours d’ALW et ses plus grands succès.
La musique dans le sang
Andrew Lloyd Webber naît le 22 mars 1948 à Londres dans une famille de musiciens, son père est compositeur, sa mère pianiste et son frère cadet est violoncelliste. On dit même qu’il aurait écrit plusieurs suites pour piano à l’âge de 9 ans !
Il étudie à la Westminster School puis au Magdalen College d’Oxford et commence à composer ses premières comédies musicales. Il n’a que 17 ans lorsqu’il reçoit une lettre d’un certain Tim Rice, de 3 ans son aîné… C’est le début d’un longue collaboration.
Les débuts avec Tim Rice
Dès leurs débuts, ALW et Tim Rice sont très complices : l’un compose des mélodies et l’autre vient poser des vers dessus. En 1965, ils signent leur première comédie musicale The Likes of Us. Mais manque de moyen financier, elle ne verra pas le jour avant 2005. Toujours en 1965, ils sont invités à écrire une « cantate pop » de 15 minutes inspirée de la Bible pour une école primaire. Nommé Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat, le spectacle est joué plusieurs fois, grandissant à chaque fois en taille, avant d’être emmené en studio pour enregistrer un album.
Suite au succès de Jesus Christ Superstar, que Joseph est monté un peu partout jusqu’à arriver dans le West End en 1974 et à Broadway en 1982.
Le phénomène Jesus Christ Superstar
ALW et Tim Rice s’attellent à l’écriture de leur troisième projet théâtral : Jesus Christ Superstar. Malheureusement, ils ne trouvent aucun intéressé pour produire le spectacle sur scène. Ils décident alors de l’enregistrer sous forme de « concept album ». La maison de disque Decca leur permet d’enregistrer un premier single : « Superstar ». La légende raconte d’ailleurs que ALW aurait noté la mélodie de la chanson sur une serviette dans un restaurant. À sa sortie, le single est un hit.
L’album complet sort en 1970 et prend d’assaut les charts américains. Suite à une tournée de concerts à travers les USA, le spectacle voit enfin le jour à Broadway. Jesus Christ Superstar reçoit des critiques mitigées et ne restera qu’un an et demi à Broadway. Cependant tout n’est pas perdu ; Andrew Lloyd Webber tape dans l’œil de Hal Prince, producteur et metteur en scène.
En Angleterre, le spectacle rencontre enfin le succès : À Londres, il restera 8 ans à l’affiche !
Au début des années 70s, ALW épouse Sarah Hugill avec laquelle il aura deux enfants. Il monte aussi la compagnie The Really Useful Group, avec lequel il produira tous ses spectacles.
Le roi du megamusical
En 1975, Andrew Lloyd Webber s’associe avec un nouveau parolier, Alan Ayckbourn pour Jeeves, spectacle qui fait un véritable flop. Il retourne auprès de Tim Rice pour écrire Evita, basé sur la vie d’Eva Peron.
Ici encore, les musiques sont enregistrées dans un concept album qui cartonne, notamment avec le hit « Don’t Cry For Me Argentina ».
La comédie musicale est mise en scène à Londres par Harold Prince où elle restera 8 ans ! Elle arrive à Broadway avec Patti Lupone et Mandy Patinkin dans les rôles principaux et rafle tous les prix.
Cependant, la relation avec Tim Rice se dégrade et ils prennent leur distance. Suite à cela, il écrit le song cycle Tell Me on a Sunday en 1979 avec Don Black.
La consécration Cats
Finalement, Andrew Lloyd Webber décide de se passer de parolier sa prochaine comédie musicale. Pour cela, il va puiser dans le recueil de poésie Old Possum’s Book of Practical Cats de T. S. Eliot et met en musique les différents chats des poèmes. Il s’associe au producteur Cameron Mackintosh et présente les premières chansons au Sydmonton Festival. Dans le public se trouve Valerie Eliot, la veuve de T. S. Eliot, qui lui présente d’autres poèmes non publiés de son époux. Parmi eux, se démarque le personnage de Grizabella. Andrew Lloyd Webber comprend le potentiel scénique de ces poèmes. Il fait appel à Trevor Nunn pour la mise en scène, à Gillian Lynne pour la chorégraphie ainsi qu’à Robert Napier pour les costumes et décors. En 1981, tous les « Jellicle Cats » commencent à prendre vie.
Les répétitions démarrent, bien que le livret ne soit pas fini et que de nombreuses paroles ne soient pas encore écrites. Une semaine avant le début des avants-premières, Judi Dench, qui interprète Grizabella, subit une rupture du talon d’Achille et la chanson « Memory » n’a toujours pas de paroles… C’est finalement Elaine Page qui devient Grizabella en chantant chaque soir des paroles différentes pour « Memory » !
Toujours est-il que le spectacle ouvre à Londres en mai 1981 et reçoit des critiques dithyrambiques. À Broadway l’année suivante, il remporte 7 Tony Awards. La comédie musicale Cats restera 21 ans à l’affiche à Londres et 18 ans à New York.
Bien qu’un succès sur scène, l’adaptation en film de 2019 fut un véritable désastre.
C’est pendant l’épisode Cats qu’il s’éprend de l’une des artistes, Sarah Brightman. Les deux se marient en 1984.
Le Fantôme de tous les records
En 1987, la comédie musicale Starlight Express, n’est pas bien reçue par les critiques. L’histoire est tirée par les cheveux : on assiste au championnat du monde des trains où plusieurs locomotives s’affrontent. Le tout, sur rollers ! Pourtant, en Allemagne, le spectacle est un carton. La ville de Bochum fait construire un théâtre spécialement pour le spectacle, et les interprètes patinent sans interruption de 1988 à 2020. Le spectacle, qui a déjà accueilli près de 2 millions de spectateurs, a repris après le Covid.
Il écrit ensuite une messe de requiem pour son père décédé ainsi que la comédie musicale Cricket pour le Prince Edward.
Inspiré par son mariage avec Sarah Brightman, il adapte le roman Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux. La comédie musicale ouvre dans le West End en septembre 1986 avec Sarah Brightman et Michael Crawford dans les rôles principaux. On retrouve les costumes et décors de Maria Björnson, la mise en scène de Hal Prince et les chorégraphies de Gillian Lynne.
À Broadway, le spectacle bat le record du spectacle joué le plus longtemps, étant resté à l’affiche de 1988 à 2023. Partout sur son passage, le spectacle décroche toutes les récompenses possibles.
ALW est cependant accusé de plagiat par trois artistes différents, dont les héritiers de Puccini et le groupe Pink Floyd.
Qu’il en soit, Andrew Lloyd Webber est à l’apogée de sa gloire à la fin des années 80.
Hit or miss ?
En 1989, le show Aspects of Love, adapté du roman du même nom de David Garnett, ne rencontre pas le succès escompté. La chanson « Love Changes Everything » devient tout de même un tube.
Nouvelle adaptation en 1990 avec Sunset Boulevard, basée sur le film Boulevard du crépuscule de Billy Wilder. Cela tombe à pic : Hal Prince (metteur en scène d’Evita et de Phantom) détient les droits du film.
ALW emprunte plusieurs mélodies de Cricket et écrit plusieurs versions avec des paroliers différents. En fin de compte, Sunset Boulevard ouvre à Londres en 1991 dans la mise en scène de Trevor Nunn. Malgré des critiques mitigées à Londres, Sunset débarque à Broadway avec Glenn Close dans le rôle de Norma Dean et remporte 7 Tony Awards.
En 2005, il est annoncé que la comédie musicale serait adaptée en film… On l’attend encore !
La reine d’Angleterre le fait chevalier en 1992. On peut désormais l’appeler Lord Andrew Webber au sein du Parti Conservative qu’il soutient pendant plus de 20 ans. De 1995 à 2000, ALW devient critique culinaire et hôtelier pour le Daily Telegraph. Et pourquoi pas ?
S’en suivent 4 comédies musicales qui ne font pas de remous : Whistle Down the Wind, The Beautiful Game, The Woman in White et Love Never Dies. Le dernier étant conçu comme la suite du Fantôme de l’Opéra.
60 ans et toutes ses dents
De 2000 à 2010, Andrew Lloyd Webber devient juge dans des émissions de télé-crochet musical de la BBC. Ces émissions visent à trouver les futurs interprètes des rôles principaux des spectacles qu’il produit ou qu’il a écrit. Dans How Do You Solve a Problem like Maria?, il trouve sa Maria de La Mélodie du Bonheur ou encore dans Superstar, il cherche LE prochain interprète de Jesus Christ Superstar.
Avec Over the Rainbow, il trouve la parfaite Dorothée pour sa nouvelle comédie musicale : Le Magicien d’Oz. Le spectacle ouvre en 2011 à Londres.
Grand collectionneur d’art, il se sépare à cette époque de son tableau de Picasso, Le Portrait d’Angel Fernández de Soto pour la modique somme de… 34 millions de livres.
En 2013, son spectacle Stephen Ward, basé sur la vie de l’ostéopathe impliqué dans le scandale de Profuma, ne fait pas long feu.
Où est passé le rock ?
Nous sommes en 2015 et Andrew Lloyd Webber pimente sa vie en adaptant en comédie musicale le film School of Rock. Le show, qui comprend des centaines d’enfants musiciens extra talentueux, reste 4 ans à l’affiche à Broadway comme dans le West End.
En 2017, quatre de ses spectacles jouent en même temps à Broadway – un record qu’il partage avec Rodgers et Hammerstein.
Autre record en 2018, Andrew Lloyd Webber obtient un EGOT. C’est à dire qu’il a reçu un Emmy, un Grammy, un Oscar et un Tony Awards. Ils sont moins de 20 à détenir ce record ! Cette même année il publie ses mémoires, Unmasked.
Le début de la fin ?
Alors que le film Cats sort en salle en 2019, Andrew Lloyd Webber décrit le film comme « ridicule ». Traumatisé de voir ses chats chants défigurés… il s’achète un chien de thérapie !
Suite au Covid, tous ses spectacles ferment. En 2021, lorsque les salles rouvrent leur porte, son nouveau spectacle Cinderella est pris dans la tourmente. Des semaines entières de représentations sont annulées, laissant les artistes sans travail et sans compensation financière. Le compositeur en profite pour faire des changements dans les chansons. Quelques mois plus tard, les acteurs de la troupe apprennent sur les réseaux sociaux que le spectacle ferme, alors que de nouveaux artistes étaient sur le point d’intégrer le spectacle. Nouvelle boulette lors de la dernière représentation : Andrew Lloyd Webber qualifie sa Cinderella d' »erreur coûteuse » et se fait huer sur scène.
Au tour du Fantôme de l’Opéra de rouvrir mais cette fois, avec un orchestre diminué de moitié ce qui suscite une vague de protestation des musiciens. Bref, ça ne va pas fort pour Lord Webber.
Suite aux difficultés de reprise face au Covid, Andrew Lloyd Webber annonce que son Fantôme de l’Opéra fermera à Broadway en 2023, après 37 ans. Cela laissera la place à Cinderella, qui pour son arrivée à Broadway est renommée Bad Cinderella. Malheureusement, d’après les critiques, le spectacle porte un peu trop bien son nom…
Enfin, Lloyd Webber est l’un des compositeurs sélectionnés pour écrire pour le couronnement du Roi Charles III.
Malgré des dernières années compliquées, Andrew Lloyd Webber n’est pas prêt de s’arrêter. Il compte plus de 20 comédies musicales, des millions d’albums vendus, une fortune estimée à 700 millions de livres et des mélodies éternelles !
Véritable roi de la comédie musicale, il aura marqué le genre pendant près de 60 ans.