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Découvrez la critique de la comédie musicale The Color Purple. Le spectacle, produit et joué à The Leicester Curve en Angleterre, est disponible en streaming jusqu’au 7 mars 2021.
Une comédie musicale qui fait beaucoup parler d’elle
La comédie musicale a beaucoup fait parler d’elle ces derniers jours à cause de l’affaire Seyi Omooba. En 2019, cette actrice devait interpréter le rôle principal de Celie, un personnage qui entretient une relation lesbienne. Mais suite à la resurface de posts Facebook homophobes, elle a été renvoyée de la production. Jugeant cette décision inacceptable, l’actrice a attaqué la production en justice. Le verdict du procès a été rendu le jour de la première représentation. La jeune actrice ne gagnera pas les 71,000 £ de dédommagements espérés. Il faut dire que son argument consistait à dire qu’elle ne savait que le personnage entretenait une relation homosexuelle car elle n’avait pas lu le script, bien qu’elle eut déjà signé le contrat.
Une comédie musicale adaptée du roman d’Alice Walker
The Color Purple suit 35 ans de la vie de Celie. De son adolescence avec son père abusif et sa sœur Nettie pour laquelle elle serait prête à tout, au bras d’un mari encore plus violent. Traitée comme une esclave dans sa propre maison, Celie rêve d’être réunie avec sa sœur et les deux enfants qu’elle a eu de son père et qu’elle a été forcée d’abandonner. Elle commence une relation avec Shug Avery, une chanteuse de jazz. Mais cette dernière a soif de liberté. Celie se retrouve de nouveau seule dans son foyer dépourvu d’amour. Bien que son parcours soit truffé d’obstacles, le destin va tourner pour Celie. L’impact qu’elle aura sur ceux qui l’entourent n’est que positif. Elle ne perd jamais espoir, car elle est une survivante et elle est là.
Une mise en scène pensée avec la camera
Pour commencer cette critique de The Color Purple, il faut parler d’utilisation fluide et énergique de la caméra. On sent que le spectacle a été pensé avec la caméra ce qui est rarement le cas pour des spectacles filmés. Elle permet des close up et permet aussi de se concentrer sur l’un personnage lors de scènes de chaos.
Une autre ingéniosité était l’utilisation de la camera comme confident. Avec un regard lancé à la caméra, le spectateur devient complice, omniscient. Toutefois, il y avait quelques superpositions d’images qui n’étaient pas très utiles.
Un spectacle rythmé
Aussi bien dans les numéros musicaux que dans la mise en scène, le spectacle ne laisse pas le temps de s’ennuyer. La comédie musicale est de base très bien construite et, sur le plateau tournant, les scènes s’enchaînent. À peine avons-nous le temps d’essuyer nos larmes que, déjà, un autre numéro époustouflant nous entraîne.
Mentionnons le très drôle trio de commères qui, comme un chœur grec, vient narrer la situation et se permet des commentaires piquants. Cela permet des moments d’intermèdes comiques qui fonctionnent surtout lorsqu’il n’y a pas d’applaudissements pour permettre des transitions.
Un casting fantastique
Quelle distribution ! Chaque acteur vient apporter sa pierre à l’édifice pour raconter cette histoire. On remarque bien évidemment T’Shan Williams dans le rôle de Celie et Carly Mercedes Dyer en Shug. La jeune Danielle Fiamanya interprète Nettie avec brio : retenez son nom !
Bien que je connaisse la comédie musicale, j’ai redécouvert le rôle de Mister. L’acteur Ako Mitchell lui donne un arc et un cheminement émotionnel aussi précis que bouleversant. Bravo !
Une partition sublime
Chaque numéro est plus fort que le précédent et monte en intensité pour arriver au point culminant « I’m Here ».
Le numéro « Push Da Button » vient amener du rythme, un moment fort de danse, immédiatement suivi du déchirant « What About love? » De même pour le duo endiablé « Any Little Thing » suivi de l’incroyable « Celie’s Curse ». La partition est superbe avec des accents jazz, ragtime, gospel et blues. On la réécoute avec encore plus de plaisir une fois que toutes les subtilités de l’intrigue sont comprises.
Une mise en scène Covid-friendly
Pour cette version filmée, la metteuse en scène Tinuka Craig réimagine sa mise en scène de 2019. C’est donc une mise en scène très épurée, sans contact physique mais pas moins intense et intéressante.
Il y a un point que je tiens à souligner. Je ne me suis rendue compte qu’à la dernière minute que la mise en scène respectait la distanciation sociale. (C’est bien la preuve que les théâtres peuvent très bien rouvrir !) Cette contrainte devint une opportunité, un angle de jeu.
Cependant, cette distanciation ne permettait pas de profiter pleinement de certains moments du spectacle. Comme par exemple la relation entre Celie et Shug ou bien une scène de retrouvailles où l’on espérait des embrassades.
Pour finir cette critique, parlons du numéro final « The Color Purple » qui donne des frissons jusque dans les jambes : sur scène, tous les acteurs sont réunis, parfaitement espacés et derrière eux, on aperçoit la salle vide.
Un spectacle qui nous rappelle à quel point le théâtre nous manque et reste essentiel.