Nous apprenons ce matin, 26 janvier 2019, le décès du compositeur Michel Legrand. Retour sur la carrière du compositeur français qui a séduit Hollywood et qui a apporté au patrimoine français les plus belles comédies musicales.
Enfance et Études
Michel Legrand naît en 1932 à Paris et rejoint à l’âge de 10 ans, le Conservatoire national supérieur de Paris pour étudier le piano et la composition, auprès de Nadia Boulanger. Passionné de musique, il assiste à tous les cours possibles et apprend même la trompette ainsi que le trombone. Il sortira du Conservatoire avec un Premier Prix de solfège ainsi qu’un Premier Prix d’harmonie.
En 1948, il découvre le jazz lors d’un concert du trompettiste américain Dizzy Gillespie à La Salle Pleyel. Cette nouvelle passion l’éloignera momentanément de la musique classique.
Agé de 20 ans, Michel Legrand décide d’orienter sa carrière vers le music-hall pour pouvoir gagner sa vie en tant que musicien. Pour son premier travail, il accompagne Henri Salvador puis Catherine Sauvage et Zizi Jeanmaire avant de devenir le directeur musical de Maurice Chevalier.
Jazzman
La maison de disque américaine Columbia lui demande de faire des reprises jazz de classiques français. L’album intitulé I Love Paris se vend à 8 millions d’exemplaires.
Puis en 1958, l’album Legrand Jazz regroupe trois sessions d’enregistrements à New York avec les musiciens Miles Davis, John Coltrane, Bill Evans et Donald Byrd.
Au cinéma
Michel Legrand fait ses débuts dans le cinéma en composant la musique du film d’Henri Verneuil, Les Amants du Tage.
Au début des années 60, l’émergence du mouvement cinématographique « La Nouvelle Vague » va inscrire Michel Legrand dans le monde de la musique. Il compose la bande originale de sept films de Jean-Luc Godard dont Une femme est une femme, Bande à part et La Chinoise ainsi que de Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda (1962). C’est surtout sa rencontre et son amitié avec Jacques Demy qui va marquer le monde du cinéma. Ensemble, ils travailleront sur Lola en 1961, Les Parapluies de Cherbourg, (comédie musicale entièrement chantée, et qui lui vaudra deux nominations aux Oscars), Les Demoiselles de Rochefort en 1967 et Peau d’âne en 1970.
Après avoir été nommé aux Oscars pour Les Parapluies de Cherbourg, Legrand s’installe à Los Angeles. Le compositeur compte bien tenter sa chance dans le cinéma américain. Il arrive à se faire une place notamment grâce à ses amitiés avec Quincy Jones et Henry Mancini. Il y rencontre le couple de paroliers Alan et Marylin Bergman.
En 1968, Legrand compose la bande originale de L’affaire Thomas Crown réalisé par Norman Jewison. Il remporte l’Oscar de la meilleure chanson originale pour « Les Moulins de Mon Coeur ».
Puis 4 ans plus tard, en 1971, il remporte l’Oscar de la meilleure musique de film pour la bande originale d’Un Eté 42 de Robert Mulligan. La chanson « The Summer Knows », interprétée par Barbra Streisand, devient immédiatement un standard.
Entre 1971 et 1975, il est nommé 27 fois aux Grammy Awards et remporte cinq trophées. C’est finalement avec Yentl, interprété par Barbra Streisand, que Michel Legrand remporte son troisième Oscar en 1983. Cette même année, il composera la bande-originale de James Bond, Jamais Plus Jamais.
Puis, pour le théâtre, il compose Jarry sur la butte de Jean-Louis Barrault en 1970 et Monte Cristo en 1975.
Retour au Jazz
Dans les années 80, Michel Legrand revient à sa passion pour le jazz. Ainsi, il monte un trio puis dirige l’orchestre de Shirley Basseyet.
Dans les années 90, il reprend son grand orchestre et accompagne de grands artistes tels que Ray Charles, Björk et Diana Ross.
Sur scène
Plus récemment, nous avons pu voir les œuvres de Michel Legrand sur scène avec Les Parapluies de Cherbourg au Théâtre du Châtelet en 2014. Cette version symphonique était accompagnée par le compositeur lui-même.
Il fait des concerts aux quatre coins du globe, nous avons pu l’entendre à Londres, Ottawa et Paris.
Lorsque l’on appris le décès de Michel Legrand, Peau d’Âne se jouait alors au Théâtre Marigny. On y retrouvait Marie Oppert dans le rôle titre, qui avait déjà interprété le répertoire de Legrand avec Les Parapluies de Cherbourg en 2014.
Il enregistre avec Natalie Dessay en 2013 l’album Entre elle et lui, où tous deux reprennent ses plus grands standards.
Ici, laissez-vous enchanter par « Les moulins de mon coeur » du film L’affaire Thomas Crown.
Michel Legrand a offert une collection riche et variée de compositions. Il aura permis à Jacques Demy de réaliser des comédie musicales dignes de celles américaines.
Au cours de sa carrière, il aura composé plus de deux cents musiques pour le cinéma et la télévision.
Après des obsèques très émouvantes au théâtre Marigny, Michel Legrand repose désormais au Cimetière du Père Lachaise.
Merci beaucoup Michel Legrand.